Procédé

Darcia Labrosse  a choisi la peinture électrostatique sur métal, une peinture industrielle employée pour la protection et la coloration des revêtements architecturaux, comme médium privilégié à cause de ses contraintes et pour la robustesse et la vivacité de ses couleurs.  Une fois couplée au désir de créer des beaux-arts, ses possibilités sont inépuisables, incommensurables.

Des rivets, des boulons, des vis plaquées or et autres piercings chirurgicaux en acier inoxydable sont ajoutés ultérieurement exposant ainsi paradoxalement l’immutabilité du métal et faisant objet de métaphores pour illustrer les cicatrices, traces et stigmates, marques et scarifications qui parcourent le corps dépeint.

Ici, l’atelier du peintre est déterritorialisé, per se; les oeuvres sont strictement exécutées en usine et peut être réalisé dans n’importe quelle usine de peinture électrostatique sur la planète. La création, elle, se fait dans un espace restreint de trente mètres carrés, sous des lumières de néon et dans un environnement bruyant et poussiéreux. On y retrouve aucune esquisse, aucun dessin ou guide, seulement l’énergie du combat d’une peinture gestuelle et immédiate. Le peintre applique ou soustrait le pigment directement sur le métal à l’aide d’un pistolet aérosol, d’un pistolet à air comprimé, de brosses de plastique ou de métal.

Même si la peinture électrostatique demeure une amélioration par rapport à la peinture industrielle liquide, elle est quand même pratiquée dans un environnement hostile. Le peintre se protège en portant une combinaison de la tête au pieds, il voit à travers une visière et il respire avec un appareil respiratoire autonome destiné à cet effet.

Les pigments utilisés pour les oeuvres sont appliqués sur des feuilles d’aluminium (o.5 mm) vierges ou anodisés, sur des feuilles de cuivre ou d’acier corten. Accrochées à un support électrifié, les feuilles sont disposées à la verticale où le pigment tient grâce à une charge électrique et non à un agent liant traditionnel comme l’eau ou l’huile. Une fois l’oeuvre terminée, les pigments se stabiliseront et se fixeront sur le métal par le biais d’une une chaleur intense.

Les pigments sont un assemblage de trois ou quatre résines différentes (polyester, époxy, urethane, acrylique ou quelques fois des mélanges époxy-polyester). Ces pigments sont fins comme le talc, ils sont chargés positivement, et déchargées à travers un pistolet atomiseur sur les feuilles de métal, elles chargées négativement. Les couleurs ne peuvent pas être mélangées pour obtenir une autre couleur, mais peuvent être additionnées et ensuites cuites, en couches subséquentes, pour produire d’autres teintes et nuances. Des vernis mats ou brillants peuvent aussi être appliqués sur le métal afin d’obtenir des effets variés. Dans un immense four à haute température, les pigments sont finalement cuits sur le métal jusqu’à l’obtention d’une texture qui s’apparente à un émail.